L’impérialisme américain : le véritable maître du jeu dans la guerre contre la RDC
Rédigé par Maurice Odingo, militant panafricaniste basé en RDC, et secrétaire général du Comité de Kinshasa.
Tandis que les populations de l’est de la République Démocratique du Congo subissent quotidiennement les horreurs de la guerre, des déplacements massifs, des violences et de la misère, l’impérialisme international avec en tête les États-Unis avance, masqué sous le manteau de médiateur. Ce que l’on nous présente comme une initiative de paix n’est en réalité qu’une opération stratégique visant à reconquérir les leviers économiques perdus. Le but est clair : reprendre le contrôle total des ressources minières du Congo et réaffirmer la domination des puissances occidentales sur le cœur de l’Afrique.
Un empire fragilisé, mais déterminé à régner
Depuis plusieurs années, les multinationales américaines perdent peu à peu leur emprise sur le sous-sol congolais. Le cas emblématique de Tenke Fungurume Mining (TFM), l’un des plus grands sites de production de cuivre et de cobalt du continent, en est l’illustration parfaite. Autrefois bastion du capital américain, cette entreprise est passée sous contrôle partiel d’intérêts chinois via Glencore, marquant une brèche dans l’hégémonie occidentale. Cette perte de terrain n’a pas été digérée par Washington, qui entend bien regagner sa place au sommet de la chaîne d’exploitation.
Le corridor de Lobito : un complot impérial déguisé en projet d’intégration
En réponse à ce recul, Joe Biden s’est rendu en Angola pour inaugurer le corridor de Lobito, un vaste projet ferroviaire censé relier les mines congolaises et zambiennes au port de Lobito sur l’Atlantique. Ce projet est présenté dans les médias comme un modèle de coopération régionale. Mais derrière ce vernis technocratique se cache un système d’extraction intensifiée, entièrement structuré autour des intérêts américains : plus de 80 % des recettes générées seront captées par les États-Unis, au détriment total des populations locales. L’Afrique prête sa terre, son travail, son sang mais ne récolte que des miettes.
La paix selon Washington : sécuriser l’accès aux ressources
Parallèlement à ce projet d’infrastructure, les États-Unis s’imposent en fausse puissance de paix dans le conflit entre la RDC et le Rwanda. Ils organisent des sommets, désignent le Togo comme médiateur, orchestrent des “rencontres de haut niveau” entre les présidents Tshisekedi et Kagame tout cela sous leur supervision. Mais nous savons que ce n’est pas la paix qu’ils cherchent, mais le contrôle. Ils veulent une stabilité sur mesure qui permet la circulation des matières premières, pas celle qui libère les peuples.
Derrière chaque cessez-le-feu et chaque communiqué diplomatique se trouve un calcul : comment sécuriser les voies d’exportation ? Comment neutraliser les résistances locales ? Comment maintenir une élite docile au pouvoir ? La guerre devient un outil, une variable dans l’équation du profit impérial.
Organiser une riposte panafricaine et populaire
Nous, militants panafricanistes, disons : ça suffit. L’histoire de l’Afrique est marquée par des siècles de pillage, de domination et de violence organisée au nom du “développement”. Mais cette domination ne prend plus toujours la forme de la baïonnette : elle est économique, technologique, médiatique. Aujourd’hui, elle se camoufle dans le vocabulaire d’énergie verte, des droits humains, de la transition énergétique — pendant que nos ressources sont dérobées et nos peuples affamés.
La RDC n’est pas une anomalie : elle est un symbole. Ce qui s’y passe est le miroir de ce qui attend d’autres nations africaines si nous ne brisons pas ce cycle. La réponse ne viendra pas des institutions internationales ni des accords signés dans les salons. Elle viendra des masses : travailleurs, paysans, étudiants, femmes, jeunes, tous unis dans une même lutte pour notre dignité, notre souveraineté et notre avenir.
Reconstruire l’Afrique sur ses propres fondations
Nous devons arracher à l’impérialisme ce qu’il nous a volé : nos terres, nos richesses, notre pouvoir. Cela passera par une rupture complète avec le capitalisme mondial et par la construction d’un socialisme africain ancré dans nos réalités, dirigé par les peuples eux-mêmes, fondé sur la justice, la planification démocratique et la solidarité continentale.